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Industrialisation, sécheresse, souffrance au travail : la forêt française en crise

mercredi 16 octobre 2019, par Association ARPENT

Où va la forêt française ? Dans le sillage d’une réforme de l’Office national des forêts, ses salariés sont en souffrance tandis qu’une perte de biodiversité affecte le patrimoine forestier. Enquête sur les racines du mal.

Partie 1 - Malaise social à l’ONF

"Nous on cultive la forêt. On ne vend pas des machines à laver !" Daniel Pons est entré à l’ONF il y a 42 ans. C’est dans les années 2000 que ce forestier installé dans les Pyrénées-Orientales commence à s’intéresser de près aux souffrances psychosociales à l’ONF. "C’est à partir de ce moment-là que l’organisation de l’Office bascule, explique Daniel Pons. On passe du temps long du forestier au temps court du marché."
"Une forêt de merde"

"Après la tempête de 1999, les agents étaient complètement assommés, raconte le président du syndicat SNUPFEN-Solidaires, Philippe Berger. La direction a profité de ce moment de traumatisme pour lancer sa réforme."

Une réorganisation du travail doublée d’une baisse des effectifs qui va avoir des conséquences délétères en interne. "C’est l’époque où les institutions publiques sont bouleversées par la doctrine du New Public Management, décrypte, Antoine Duarte, docteur en psychologie et spécialiste de la santé au travail. Il faut appliquer les méthodes du privé aux services publics pour améliorer la performance et la rentabilité. On va gérer l’État comme une entreprise."

En 2014-2015, Antoine Duarte a recueilli la parole de forestiers de l’ONF dans le Sud-Ouest de la France. Certains agents lui confient leur "honte", leur "souffrance éthique", "l’impression de détruire leur travail en participant à la construction d’une forêt de merde ou d’une forêt papier-palette qui va à l’encontre de leur sens moral", relate Antoine Duarte.

"On ne peut pas dire que la forêt est surexploitée et qu’on s’est lancé dans une approche productiviste avec comme seul objectif la rentabilité, répond l’actuel directeur général par intérim de l’ONF, Jean-Marie Aurand. Les volumes vendus en millions de mètres cubes sont en baisse constante."
"Un monde de requins"

Depuis sa création en 1964, l’ONF est passé de 15 000 à 9 000 employés. Si les fonctionnaires sont toujours majoritaires, leurs effectifs diminuent au profit des salariés de droit privé. "Dans les années 90, on entre dans le monde industriel, le commerce mondialisé, un monde de "requins" où il faut faire sa place pour survivre, témoigne le secrétaire général du syndicat EFA-CGC, Gilles Van Peteghem. Ce n’est pas dans les gênes du forestier.

Au début des années 2000, plusieurs suicides vont profondément affecter l’ONF. "L’augmentation de la charge de travail et la perte de sens du métier constituent un cocktail explosif, estime le représentant de l’intersyndicale, Philippe Canal.

Les suicides sont des drames qui se voient mais qui représentent le sommet de l’iceberg, celui de la souffrance au travail. - Philippe Canal

Selon les syndicats, 48 suicides se sont produits entre 2005 et 2019. Selon l’actuelle direction de l’ONF, le dernier suicide officiellement reconnu comme étant lié à l’activité professionnelle remonte à 2015.
"On ne se suicide pas à l’ONF"

En avril 2012, un rapport commandé par l’ONF parle d’"une situation préoccupante" et de "facteurs de risques sur le plan psychosocial" en lien avec "la nouvelle organisation mise en place et le management par objectifs".


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