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Questions aux délégués communautaires

lettre adressée en juin 2015

jeudi 8 octobre 2015, par Association ARPENT

Comité de Défense de la Forêt Tonnerroise

Association pour la Restauration et la Protection
de l’Environnement Naturel du Tonnerrois.

Aux délégués à la Communauté de Communes du Tonnerrois en Bourgogne,

Madame, Monsieur,

Depuis 2009, la communauté de communes du Tonnerrois poursuit un projet d’implantation d’une centrale électrique alimentée par la biomasse qui suscite chez nombre de citoyens de multiples questions auxquelles nous vous serions reconnaissants, dans un souci de transparence démocratique, d’apporter des réponses. Ces questions concernent principalement trois domaines : l’emploi, l’économie du projet et son impact écologique.

L’EMPLOI :

Nous sommes bien conscients de la crise de l’emploi qui frappe le Tonnerrois et de la nécessité pour les élus de se mobiliser sur ce dossier. Mais ce projet permettra-t-il de répondre aux difficultés actuelles ?

Quels emplois seront créés ? Selon les sources, les estimations varient de 40 à 100 (Profession de foi de M. Pianon aux dernières élections départementales).

Quelles qualifications seront requises ? Quels types de contrats de travail ?

Quelle pérennité de ces emplois, sur la centrale comme sur les serres ?

L’ECONOMIE :

Nous nous interrogeons aussi sur l’économie générale de ce projet. A l’heure où les ressources se raréfient, où la réduction des émissions de CO2 est cruciale, est-on assuré que cette utilisation de la biomasse est la plus pertinente ?

  • Le projet est présenté comme une usine de cogénération, c’est-à-dire qui produit simultanément de l’électricité et de l’énergie thermique. Or, durant les périodes d’été où le chauffage des serres n’est pas nécessaire, que devient la chaleur résiduelle ? Quel est le rendement global annuel attendu ?
  • Il semble que la ressource essentielle prévue soit le bois prélevé dans un rayon de 50 km, est-on assuré de sa disponibilité ? L’étude confiée à un expert forestier prend-elle en compte les autres usines (chaufferies biomasse d’Auxerre et Dijon, usine de pellets de Cosne-sur-Loire, chaufferie Dislaub de Buchères) dont le secteur d’approvisionnement couvre aussi notre territoire ?
  • Quels domaines forestiers sont concernés : public ? privé ? Ce projet ne risque-t-il pas de remettre en question les affouages ? Avec qui les conventions évoquées lors de la réunion du conseil communautaire du 27 septembre 2010 ont-elles été signées ? Quelles surfaces sont concernées ? Sur quelles communes ? Qui achète le bois ? A quel prix ?
  • Il semble que ce projet nécessite la mobilisation ou la création de plusieurs sociétés : quel sera le montage juridique ? Quelles sociétés pour quelles activités ? Le projet est présenté comme 100% privé mais nécessitant des partenariats avec les collectivités : quels partenariats et avec quelles collectivités ? Quelle est la solidité financière de l’investisseur ? Quel retour est attendu sur les finances publiques par le biais des taxes ?

L’IMPACT ECOLOGIQUE :

De l’exploitation forestière :

  • L’exploitation actuelle, de plus en plus mécanisée, de la ressource bois et la dégradation des sols et des chemins qui en découle, nous font craindre une aggravation future. Quels procédés d’exploitation seront utilisés ? Le recours à une exploitation très mécanisée, de plus en plus fréquent pour des raisons de coût, présente un risque accru pour la forêt par rapport à une exploitation plus « manuelle ».
  • Quelle gestion de la forêt est envisagée, sachant combien l’ONF est de moins en moins présente sur le terrain ? Quels types de coupe ? Ne risque-t-on pas de voir des coupes à blanc avec replantation d’essences à croissance rapide comme dans le Morvan ?
  • La première caractéristique d’une forêt, c’est son sol qui renferme une vie encore plus importante que la partie visible des arbres. C’est grâce au sol que la forêt fixe le CO2, filtre les eaux de pluie et empêche le ruissellement. Le rôle des sols de forêt est essentiel pour la qualité et la quantité de l’eau des nappes phréatiques, mais son impact sur le climat est aussi essentiel grâce à l’évapotranspiration. Le sol de la forêt est fragile, il craint l’asphyxie par tassement. Les conventions signées précisent-elles le mode d’exploitation proposé et les risques encourus par les sols ?

Du fonctionnement de la centrale :

Quelles garanties seront apportées sur les rejets atmosphériques ? Que deviendront les cendres ? Dans la période où les serres n’auront pas besoin de chaleur, comment sera refroidi le condenseur ?

Des serres :

  • Quels seront les besoins des serres en eau , et par quel approvisionnement ?
  • Quel procédé de culture ? Sur sol ou hors sol ? La culture des tomates nécessitera sans doute des intrants (engrais, produits phytosanitaires...), que deviennent-ils ?
  • En France, au cours des sept dernières années, c’est la surface d’un département qui a été « imperméabilisée », par des constructions ou des infrastructures, ne permettant plus l’infiltration de l’eau. Comment sera traitée l’eau de pluie sur ces huit hectares ?

Mais nous nous interrogeons aussi sur les alternatives : d’autres pistes ont-elles été envisagées pour une utilisation locale et raisonnée de la biomasse, pour développer une production maraîchère de qualité ?

Il nous semble que ces interrogations, partagées par un grand nombre de citoyens, méritent une information claire et complète et un véritable débat.

Nous comptons sur vous pour apporter des réponses, il y va de la démocratie.