Le mercredi 29 août, Monsieur le Sous-Préfet nous a conviés à une rencontre avec les porteurs du projet ’Biomasse-Serres’ : M. Hollebecq (intermédiaire), M. Pavoine (Centrale biomasse et serre à spiruline) et M. Totel (Serres à tomates).
La réunion s’est déroulée dans un climat serein avec des échanges intenses mais toujours courtois qui ont permis à chacun de mesurer la distance qui sépare nos points de vue respectifs.
Nous avons tout d’abord évoqué, en nous appuyant sur plusieurs études incontestables, le contexte climatique et les perspectives extrêmement sombres pour les générations à venir. Nous sommes bien conscients qu’il est trop tard pour revenir à la situation pré-industrielle, mais nous devons néanmoins tout faire pour limiter la dégradation de la situation.
Or, ce projet ne peut que participer à cette dégradation :
- Le recours à la biomasse forestière pour remplacer les énergies fossiles est une fausse piste :
- La combustion de la biomasse libère du CO2 :
190 scientifiques de renom ont adressé une lettre ouverte à l’Union Européenne pour l’alerter sur les dangers que le recours à la biomasse fait peser sur l’avenir du climat (Document 1). L’argument de la neutralité est irrecevable dans l’urgence du réchauffement : le carbone libéré par la combustion de la biomasse forestière ne sera, au mieux, réintroduit dans le stock de la forêt que dans un siècle alors que c’est dès aujourd’hui qu’il faut réduire nos émissions pour éviter un emballement catastrophique (Document 2). - L’industrialisation de la forêt diminue ses capacités à stocker le carbone :
L’évolution des forêts européennes au cours des trois derniers siècles se caractérise par une déforestation massive pour répondre à la demande croissante d’énergie (de 1750 à la fin du 19ème), puis un reboisement important transformant les forêts naturelles en forêts de production. L’impact climatique du passage massif des feuillus vers les résineux dicté par des motifs économiques et industriels est incontestable : en 250 ans, le bilan carbone est négatif ! (Document 3) - La forêt, réservoir de biodiversité :
La biodiversité des forêts est scientifiquement moins explorée et connue que le sol de la lune. C’est le réservoir le plus important, avec les océans, d’organismes essentiels aux équilibres biologiques. Or, l’industrialisation de la forêt contribue à réduire, voire condamner cette biodiversité : cultures mono-essence, tassement et asphyxie des sols, érosion des couches d’humus...
- La combustion de la biomasse libère du CO2 :
- Un gaspillage de la ressource scandaleux :
- Non, les serres n’utiliseront pas toute la chaleur résiduelle :
A maintes reprises, les porteurs du projet affirment que les serres utiliseront la totalité de la chaleur résiduelle disponible (étude d’impact de l’enquête publique et document distribué lors de la réunion du 11 juin). Il est évident, même pour un novice, que les serres n’ont qu’un besoin de chauffage très limité (éventuellement la nuit) durant les périodes estivales. Le CTIFL a calculé, en 2012, que les besoins en énergie des serres s’élevaient à 300 kWh/m2/an en moyenne sur le territoire français, soit, pour 12 ha de serres, un besoin annuel de l’ordre de 40 GWh (Document 4). On est bien loin des 95 GWh de chaleur disponible donnés dans l’étude d’impact de l’enquête publique... - L’énergie gaspillée permettrait de chauffer toute la ville de Tonnerre :
La cinquantaine de GWh évacués par les aéroréfrigérants correspondent à l’énergie nécessaire pour chauffer 2600 logements assez mal isolés de 100 m2 chacun (consommation de 200 kWh/m2/an). A l’heure où le réchauffement climatique n’est plus contestable, dans un territoire où la précarité est grande, notamment la précarité énergétique, ce gaspillage est insupportable. - La production de tomates sous serres chauffées n’est pas écologique :
L’Adème a évalué l’impact environnemental de la production et du transport des fruits et légumes (Document 5). Les tomates cultivées sous serres chauffées consomment 10 fois plus d’énergie que celles cultivées à ciel ouvert (les concombres 100 fois).
Le site du ministère de l’écologie, dans le cadre du plan climat-agriculture, alerte sur la consommation de légumes énergivores en écrivant que les tomates cultivées sous serres chauffées peuvent consommer jusqu’à 20 fois plus d’énergie que les tomates produites localement et en saison (Document 6)
- Non, les serres n’utiliseront pas toute la chaleur résiduelle :
- Un déni de démocratie :
- Une information à sens unique :
Depuis 2011, nous sollicitons en vain les élus de la communauté de communes pour un véritable dialogue argumenté. La compréhension globale du projet et des différents enjeux (énergétiques, environnementaux, climatiques...) est complexe et les contacts individuels pris avec nombre d’élus montrent une méconnaissance quasi totale de la réalité du projet. Pourtant, on les a fait voter, à plusieurs reprises, sur le bien fondé de cette initiative avec une information tronquée, voire mensongère, sans aucune prise en compte du travail accompli par notre association. - Des slogans en place d’arguments :
Lors de la réunion du 11 juin, le document de présentation du projet qui a été distribué s’apparente davantage à un tract publicitaire qu’à un document d’information (Document 7). Le schéma de « principe de cogénération » laisse croire que toute la chaleur (19MW) sera utilisée par les serres. Il ne mentionne même pas la présence des aéroréfrigérants. La ressource en bois ne mentionne pas la source principale : les plaquettes forestières issues du broyage d’arbres entiers. Les divers articles parus dans l’Yonne Républicaine sur ce sujet relèvent de la même logique de simplification caricaturale, évacuant toutes les questions susceptibles de faire réfléchir sur l’opportunité de ce projet.
De notre côté, depuis 2011, nous essayons de produire des documents s’appuyant sur des données scientifiques et abordant tous les aspects de la question. Le schéma de principe de la centrale et les calculs sur le rendement en sont un exemple (Document 8). - Pressions et manipulations :
Nous avons rencontré plusieurs maires à qui nous avons demandé de nous donner les motivations de leur vote favorable au projet lors du conseil communautaire de juin. Deux justifications reviennent :
* L’emploi : sans pouvoir d’ailleurs donner de chiffres crédibles.
* La crainte de s’opposer à la présidence de la communauté de communes et de voir sa commune en payer les conséquences (fermeture de classes, PLU...).
- Une information à sens unique :