En 2022, le gouvernement s’est engagé à arrêter l’utilisation de charbon en France. Mais que faire des dernières centrales à charbon en fonctionnement : faut-il les fermer ou les reconvertir en centrales à biomasse ?
Pour se faire une idée de ce qui est en jeu, il suffit de regarder ce qu’il s’est passé de l’autre côté de la Manche : dans le sud de l’Angleterre, la conversion de la centrale à charbon de Drax en centrale à biomasse est révélatrice des problèmes que pose ce type de projet. Son approvisionnement nécessite chaque année 13 millions de tonnes de bois soit, à elle seule, 120 % de la production totale de bois du Royaume-Uni. En quelques années, le Royaume-Uni a ainsi massivement augmenté ses importations de bois, notamment en provenance des États-Unis, alimentant une très forte destruction des forêts naturelles de la côte Est.
Dans le Sud de la France, c’est la reconversion de la centrale à charbon de Gardanne (Bouches-du-Rhône), annoncée en 2011, qui inquiète. Ce projet, vivement contesté, connaît des difficultés mais plutôt que de tirer des leçons de cet échec, le gouvernement laisse la porte ouverte à la conversion d’autres centrales à charbon. Et en particulier, les deux dernières centrales exploitées par EDF, l’une à Cordemais (en Loire-Atlantique, près de Nantes) et l’autre au Havre (Seine-Maritime). Les fiefs respectifs de François de Rugy et d’Édouard Philippe. Alors que Nicolas Hulot s’était montré très ferme sur le sujet en déclarant à l’Assemblée nationale qu’une reconversion en centrale à biomasse n’était pas une option [1] car cela entraînerait une « déforestation massive », sa démission a redonné de l’espoir aux partisans d’une reconversion.