Il n’est pas encore 8 heures, ce vendredi 22 février 2019. Les premières lueurs du soleil illuminent des pans de la rue de Lille, dans le 7e arrondissement de Paris. Du côté ombragé de la voie, une petite trentaine d’étudiants longent le trottoir à pas de loup. Leur chemin s’arrête au niveau du siège de la Caisse des dépôts et consignation. Ils déploient prestement un calicot où se dessine « Préparons la décroissance énergétique » et s’assoient à même le sol, agglutinés au pied du parvis. Les agents de sécurité, amusés par le tintouin, ferment les grilles métallique de l’institution financière. Un essaim de journalistes et de photographes tourbillonne autour des manifestants.
Un mégaphone passe de main en main, amplifiant la voix d’étudiants préposés à la lecture des revendications. Ils récitent leur 2e leçon au gouvernement, publiée par Reporterre, et s’insurgent de l’inertie du gouvernement devant « la catastrophe écologique » en cours. Ils somment les dirigeants français et du monde entier d’impulser illico « une décroissance énergétique » :
« Notre système économique mondialisé consomme une quantité d’énergie inconcevable pour produire et faire circuler les marchandises, les informations, les capitaux et les humains au sein d’une course folle et insensée pour la création de richesse, lisent-ils. Afin de produire cette énergie, nous mobilisons essentiellement des ressources non renouvelables : pétrole, charbon, gaz, uranium… Il devient évident que leur raréfaction prochaine causera des crises à répétition et un appauvrissement généralisé. De plus, les énergies fossiles contribuent à une augmentation des températures dont nous ignorons encore l’ampleur des conséquences — tout ce que nous savons, c’est qu’elles seront désastreuses. »