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La forêt française dans la tempête : malaise social, réchauffement climatique, perte de diversité

vendredi 11 octobre 2019, par Association ARPENT

Enquête | Depuis le début des années 2000, les agents de l’Office national des forêts vivent très mal les conséquences de la réforme de l’établissement. Ils dénoncent une logique financière déjà largement à l’oeuvre dans la forêt privée.

L’Office national des forêts a du mal à équilibrer ses comptes et souffre d’un malaise social depuis le lancement d’une réforme après la tempête de 1999. Depuis sa création en 1964, l’ONF est passé de 15 000 à 9 000 employés et plusieurs suicides l’ont profondément affecté il y a quelques années.
─ Malaise social à l’ONF

"Nous on cultive la forêt. On ne vend pas des machines à laver !" Daniel Pons est entré à l’ONF il y a 42 ans. C’est dans les années 2000 que ce forestier installé dans les Pyrénées-Orientales commence à s’intéresser de près aux souffrances psychosociales à l’ONF. "C’est à partir de ce moment-là que l’organisation de l’Office bascule, explique Daniel Pons. On passe du temps long du forestier au temps court du marché."
"Une forêt de merde"

"Après la tempête de 1999, les agents étaient complètement assommés, raconte le président du syndicat SNUPFEN-Solidaires, Philippe Berger. La direction a profité de ce moment de traumatisme pour lancer sa réforme."

Une réorganisation du travail doublée d’une baisse des effectifs qui va avoir des conséquences délétères en interne. "C’est l’époque où les institutions publiques sont bouleversées par la doctrine du New Public Management, décrypte, Antoine Duarte, docteur en psychologie et spécialiste de la santé au travail. Il faut appliquer les méthodes du privé aux services publics pour améliorer la performance et la rentabilité. On va gérer l’État comme une entreprise."

En 2014-2015, Antoine Duarte a recueilli la parole de forestiers de l’ONF dans le Sud-Ouest de la France. Certains agents lui confient leur "honte", leur "souffrance éthique", "l’impression de détruire leur travail en participant à la construction d’une forêt de merde ou d’une forêt papier-palette qui va à l’encontre de leur sens moral", relate Antoine Duarte.

"On ne peut pas dire que la forêt est surexploitée et qu’on s’est lancé dans une approche productiviste avec comme seul objectif la rentabilité, répond l’actuel directeur général par intérim de l’ONF, Jean-Marie Aurand. Les volumes vendus en millions de mètres cubes sont en baisse constante."
"Un monde de requins"

Depuis sa création en 1964, l’ONF est passé de 15 000 à 9 000 employés. Si les fonctionnaires sont toujours majoritaires, leurs effectifs diminuent au profit des salariés de droit privé. "Dans les années 90, on entre dans le monde industriel, le commerce mondialisé, un monde de "requins" où il faut faire sa place pour survivre, témoigne le secrétaire général du syndicat EFA-CGC, Gilles Van Peteghem. Ce n’est pas dans les gênes du forestier."

Au début des années 2000, plusieurs suicides vont profondément affecter l’ONF.

"L’augmentation de la charge de travail et la perte de sens du métier constituent un cocktail explosif. Les suicides sont des drames qui se voient mais qui représentent le sommet de l’iceberg, celui de la souffrance au travail." Philippe Canal représentant de l’intersyndicale à l’ONF.

Selon les syndicats, 48 suicides se sont produits entre 2005 et 2019. Selon l’actuelle direction de l’ONF, le dernier suicide officiellement reconnu comme étant lié à l’activité professionnelle remonte à 2015.


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