C’est un mal qui gangrène peu à peu toute la forêt vosgienne. Les uns après les autres, sapins et épicéas meurent frappés par le manque d’eau et la chaleur. ll suffit de s’arrêter sur la départementale qui mène au Ballon d’Alsace, dans la vallée de la Doller, tout au sud du massif, pour s’en rendre compte. Les versants habituellement verts sont mangés par de vastes étendues rouges. Des milliers d’arbres morts sur pied. « La forêt telle qu’on la connaît est en train de disparaître », alerte Jean-Charles Willaume. Le technicien de l’Office national des forêts (ONF) de Masevaux (Haut-Rhin) voit son lieu de travail se métamorphoser sous ses yeux.
Il y a encore quelques années, les arbres secs n’étaient qu’un souci de quelques semaines, réglé à la sortie de l’hiver. Les quelques sapins dont la sève ne remontait pas rougissaient au retour des beaux jours. Les bûcherons, qui les surnommaient les « coquelicots », les repéraient facilement au milieu des futaies. Ce grand ménage de printemps concernait quelque 500 m³, vite coupés, vite transformés.