À Saint-Mayeux, petite commune sise au nord de la Bretagne, l’eau distribuée au robinet contient plus de pesticides que ne l’autorise la loi. L’alerte a été donnée à la fin du mois de septembre, après plus de trente jours de dépassement des seuils. Le coupable : une substance appelée « ESA-métolachlore », omniprésente dans les cours d’eau bretons. C’est un métabolite du « S-métolachlore », un herbicide fréquemment utilisé pour le désherbage du maïs. Mais qu’est-ce qu’un métabolite ?
« Quand il entre au contact du sol ou de l’eau – par exemple – un pesticide se transforme en divers métabolites qui peuvent eux-mêmes se transformer en de nouveaux métabolites, détaille Louis*, un agronome, ancien fonctionnaire [1]. Si on veut documenter le devenir du glyphosate dans le milieu naturel, c’est inutile de le chercher, on ne le trouvera pas, illustre-t-il. Mieux vaut chercher l’Ampa, son principal métabolite. » Ces descendants chimiques des pesticides sont-ils moins toxiques que leurs parents ? Pas forcément. Certains le sont même davantage car ils vivent plus longtemps, ce qui est le cas de l’ESA-métolachlore.
« Pour nous, il aurait fallu arrêter de distribuer l’eau dès janvier 2016, quand on a eu ces relevés alarmants »
Ce métabolite est censé rester sous la barre des 0,1 microgramme par litre (mug/l) d’eau potable, comme tout pesticide. C’est une directive européenne, édictée le 3 novembre 1998, qui le dit. Cette directive interdit par ailleurs que le cumul des pesticides retrouvés dans l’eau potable excède 0,5 mug/l. Vu la somme de pesticides utilisés chaque jour dans notre pays, tenir ces seuils est très compliqué, pour ne pas dire impossible. Car des centaines de pesticides épandus donnent des milliers de métabolites.