Entre l’épaisse forêt pluvieuse et le décor nu et désolé, les rives du fleuve Indio offrent un paysage déconcertant. Le peu d’arbres encore debout est cerné par des plants de bananiers qui ont remplacé la canopée. À bord d’une panga, longue barque motorisée, les membres d’une communauté rama scrutent le paysage à la recherche d’habitations. « Ce sont des colons qui vivent là », explique Jossly Flores, écologiste et membre de l’autorité communale du secteur. La structure en bois et le toit en feuilles séchées rappellent pourtant les habitations traditionnelles ramas. « On ne répond pas à leurs salutations, sinon ils diront qu’on les autorise à s’installer ici et à détruire la forêt. »
Près de la côte caraïbe du Nicaragua, la forêt luxuriante perd du terrain face à l’activité humaine. La réserve protégée Indio Maíz n’abrite plus seulement les quelques familles ramas et créoles implantées là depuis plusieurs générations. De nouveaux arrivants perturbent l’équilibre de ce poumon vert de 300 000 hectares. Selon l’organisation de sauvegarde de l’environnement Fundación del Río, le Nicaragua perd chaque année 130 000 hectares de forêt.