C’est sans doute l’énergie renouvelable la plus prometteuse et la plus accessible. « Chaque mètre carré de surface terrestre éclairé reçoit en moyenne mille watts de puissance solaire », s’enthousiasme le professeur Daniel Lincot dans sa leçon inaugurale au Collège de France. Une puissance « quasi illimitée » que les humains cherchent à maîtriser depuis des siècles. En théorie, elle pourrait subvenir à l’ensemble de nos besoins énergétiques, selon ce spécialiste du photovoltaïque : « Même si on n’en captait que 20 %, soit le rendement actuel moyen des panneaux photovoltaïques, il faudrait juste une surface de 650 sur 650 km pour couvrir les besoins globaux de l’humanité » [1]- ce qui représente 422 500 km2, soit les 3/4 de la superficie de la France métropolitaine ou 3 % des terres émergées de la planète. Si l’on ajoute à l’argumentaire que cette énergie peut en plus être produite de manière « décentralisée » et être installée sur des constructions existantes, le solaire a de quoi faire briller les yeux d’un bon nombre d’énergéticiens.
Pourtant, en France, cette filière peine à se développer. En 2021, l’électricité photovoltaïque a couvert à peine 2,7 % des besoins en électricité du pays selon le gestionnaire du réseau, RTE — soit 14,3 térawattheures (TWh) sur 523. Et ce malgré une décennie de discours vantant l’avenir du photovoltaïque. Dans son discours du Creusot de décembre 2020, outre la relance du nucléaire, Emmanuel Macron avait promis un décuplement des capacités photovoltaïques : 100 gigawatts (GW) d’ici 2050, ce qui reviendrait à installer plus de 3 GW par an pendant trente ans [2]. En Allemagne, on envisage d’installer le double de ces capacités d’ici 2030. Quand on connaît l’histoire contrariée du solaire en France, c’est presque un exploit que fin 2021, la filière soit parvenue à installer dans le pays près de 14 GW de puissance en quinze ans.