Lors d’un atelier collectif de réflexion sur l’avenir des forêts face au réchauffement climatique, la langue du forestier de l’Office National des Forêts (ONF) trébuche : il parle de sylviculture « dynamite », alors qu’il nous présente les critères d’une sylviculture « dynamique », fondée sur la diversité, la vitalité et le temps long des forêts. Doit-on lire dans ce lapsus révélateur le dynamitage organisé des forêts et des manières d’en prendre soin ? Ou bien plutôt une réponse offensive, explosive, à l’accaparement capitaliste des forêts et de leurs imaginaires ?
Cette première rencontre nationale des luttes forestières aura permis de rassembler, quatre jours durant, des habitant·es venu·es des quatre coins de la France, partageant des liens sensibles, politiques et écologiques entre elles et eux, et avec la forêt1. Certaines de nos initiatives, variées et complémentaires, portées par nos groupements forestiers, associations, collectifs, fonds de dotation, syndicats ou coordinations, ont pu pour la première fois s’enchevêtrer. D’autres ont renforcé et réaffirmé leurs alliances.
Cette première rencontre, loin du coup d’éclat, a bien eu l’effet d’une montée de sève, d’un fleurissement : elle fut un temps et un espace permettant au mouvement de défense des forêts de poser ses premiers jalons communs, de sortir de terre, de se ramifier et de se massifier. Plus encore qu’hier, les frondaisons des forêts vivantes résistent aux fondations industrielles de la malforestation.