Strasbourg (Bas-Rhin).– En Alsace, plus d’un quart de la population reçoit au robinet, de manière ponctuelle ou récurrente, une eau dont les concentrations en métabolites de pesticides, produits nés de la dégradation d’un pesticide dans l’environnement, dépassent la limite réglementaire, fixée à 0,1 microgramme par litre (µg/l). C’est ce que révélait Rue89 Strasbourg dans le premier volet de cette enquête sur la présence des métabolites de pesticides dans l’eau potable en Alsace.
Face au caractère généralisé des contaminations, l’Agence régionale de santé Grand Est (ARS) délivre à tour de bras des arrêtés dérogatoires aux communes concernées, leur permettant de poursuivre la distribution d’une eau non conforme. Avec comme précision que « la consommation d’une eau dépassant la limite réglementaire de qualité sur une durée limitée ne présente pas de risques connus pour la santé ». Une communication qui se veut rassurante, alors que de nombreuses inconnues demeurent.
L’évaluation du risque sanitaire lié aux métabolites de pesticides dans les eaux potables est émaillée d’inconnues, entre données partielles, absence de prise en compte de certains paramètres et méconnaissances des effets cocktails, liés aux synergies des molécules entre elles une fois ingérées par l’organisme. Une molécule individuellement inoffensive pour l’être humain peut s’avérer nocive lorsqu’elle est combinée avec d’autres composés.