Emmanuel Macron a estomaqué tout le monde en parlant, lors de ses vœux à la nation, du caractère imprévisible de l’évolution du climat. Cette embardée, en contradiction avec les propos tenus six mois auparavant, en dit long sur l’absence de projet et de perspective. Le principal défi du siècle est réduit à l’addition de postures. Le « en même temps » devient le droit de dire tout et son contraire.
Au-delà du Président, c’est le reflet d’une réalité plus profonde : jamais la question vitale de la lutte contre le réchauffement climatique et de la responsabilité de la société à son égard n’a fait l’objet d’un véritable débat national.
On ne cesse pourtant d’en parler. Chaque Conférence des parties, chaque événement météorologique extrême, chaque rapport du GIEC, suscite un déluge d’articles et de prises de position mais la Stratégie nationale bas carbone a été adoptée en 2015, sans véritable débat public, fixant à l’État des obligations de résultat qu’il s’est empressé de ne pas respecter. La Convention citoyenne pour le climat, CCC, en 2019 et 2020 a, par ses erreurs méthodologiques, conduit ses membres à égrener une litanie de recommandations sectorielles dont l’impact n’était pas évalué.
Les gouvernants naviguent sans boussole. Le Président annonce que son quinquennat sera écologiste et proclame la fin de l’abondance quand la Première Ministre précise qu’il ne faut pas demander de sacrifices aux Français ; elle-même prévient de la nécessité de changements radicaux mais on les cherche vainement dans les mesures qu’elle préconise ; face à l’augmentation du prix de l’énergie fossile, le bouclier tarifaire aura coûté « un pèze de dingue » pour quelques mois en même temps que l’augmentation de ce prix continue à constituer le catéchisme de la lutte contre le réchauffement climatique. Chaque parti politique y va de ses propositions parcellaires mais aucun dirigeant politique ne semble croire en la capacité des citoyens de débattre en profondeur des questions qui engagent leur avenir, celui de leurs enfants et petits-enfants, donc… Croire à la démocratie.