Ce discours a été si souvent martelé, depuis le début de la construction du parc nucléaire en exploitation, que les dirigeants du complexe nucléaire ont fini par y croire. A de rares exceptions près, comme cette interview de Marcel Boiteux (alors Président d’EDF) de 1979, la règle a été respectée à la lettre. Ainsi, l’industrie nucléaire a toujours affirmé qu’il n’y a jamais eu de problèmes rencontrés lors de la construction des réacteurs dans les années 1970 et 1980.
Ce déni de réalité vient de voler en éclats. Si EDF a parfaitement maitrisé la communication au sujet de la corrosion sous contrainte qui affecte une tuyauterie de secours du circuit primaire de ses plus gros réacteurs, la découverte inopinée d’une nouvelle fissure sur cette même tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime) lève le voile sur une réalité jusqu’à présent indicible : la construction des réacteurs ne fut pas ce long chemin pavé de roses si souvent vanté par toute la filière.
Que nous apprend en effet cette nouvelle fissure ? Erreur de conception de cette tuyauterie (son design), une des causes de la corrosion sous contrainte, et erreur d’exécution et de fabrication, ce qui a obligé à forcer sur une soudure pour que les deux parties de la tuyauterie puissent être alignées. De plus, cette soudure a dû être refaite, entrainant ainsi des contraintes supplémentaires sur l’acier de la tuyauterie, ce qui est à l’origine de la nouvelle fissure découverte Penly.