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Sommes-nous toujours en démocratie ?

jeudi 30 mars 2023, par Association ARPENT

Sommes-nous toujours en démocratie ? L’escalade de la violence policière lors des dernières manifestations et l’utilisation abusive du 49.3 par le gouvernement, le onzième en neuf mois, oblige aujourd’hui à se poser la question. Alors que la légitimité parlementaire et la légitimité de la rue se confrontent à la légitimité de l’exécutif depuis le début des débats sur la réforme des retraites, notre régime démocratique semble être aujourd’hui à bout de souffle.

Au vu des évènements de ces dernières semaines, il semble essentiel de se poser la question. Qu’est-ce qu’une démocratie, et quels en sont ces fondements ? Selon la définition la plus classique, il s’agit d’un système politique, dans lequel la souveraineté émane du peuple. Et si la démocratie n’est pas un état de fait mais une recherche perpétuelle, qui doit continuer à être questionnée pour bien fonctionner, certains piliers eux, doivent rester. Ainsi, une démocratie représentative repose nécessairement sur des corps intermédiaires écoutés, des médias libres, un parlement souverain et respecté et une opinion publique prise en compte.

Des corps intermédiaires méprisés

Le 19 janvier dernier, la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites prenait un tournant historique : voilà 12 ans que les huit grands syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) n’avaient pas fait front uni pour s’opposer ensemble à une réforme. Cette unité dans la lutte contre le projet de loi du gouvernement, avait essentiellement pour but de mieux faire entendre leurs revendications, et d’avoir un poids plus fort dans les négociations. Jusqu’au passage en force de la réforme par 49.3, les partenaires sociaux ont tenté de dialoguer avec le gouvernement dans le but de trouver un compromis. « Nous avons toujours fait preuve de responsabilité et de recherche du compromis » affirmait ainsi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans une interview pour France inter.

Au contraire, Emmanuel Macron, lors de son allocution au JT de 13h le 22 mars dernier, affirmait regretter « qu’aucune force syndicale n’ait proposé un compromis ». Une déclaration étonnante de la part d’un président qui a tout bonnement refusé les tentatives de dialogues de la part des syndicats ; Dans un courrier envoyé le 10 mars dernier, le président opposait une fin de non-recevoir à la proposition de rencontre proposée par les leaders syndicaux. Le président justifiait son refus par le « devoir de préserver ce temps parlementaire qui se déroule actuellement et qui est l’essence même de notre démocratie ». Implicitement, une rencontre avec les leaders syndicaux aurait donc perturbé le dialogue parlementaire selon le président. Dialogue qui n’a finalement pas eu lieu puisque la réforme des retraites n’a pas été soumise au vote.

Un tel mépris des partenaires sociaux, est-il le signe d’une démocratie en péril ? La question se pose réellement. En tout cas, pour les syndicats, il s’agit sans aucun doute d’un « triste mépris des travailleurs et de la démocratie sociale » résume Laurent Berger. Pour Philippe Martinez, le message est clair : « pour le pouvoir, le bras d’honneur est à la mode ».

Des médias empêchés

Dans une démocratie en bonne santé, les médias jouent un rôle de contre-pouvoir. En France, ce rôle est déjà entravé depuis de nombreuses années : concentration massive des médias aux mains de quelques milliardaires, menaces posées par certaines dispositions de la loi sécurité globale - heureusement écartées- qui réprimaient la liberté d’informer des journalistes… Et depuis le début de la réforme des retraites, ces entraves se sont multipliées.

Dès les premiers jours de mobilisation, les cas de journalistes empêchés de faire leur métier sont devenus monnaies courantes. A Rennes le 15 mars dernier, une journaliste a été violentée par un policier alors qu’elle couvrait une manifestation contre la réforme des retraites. A Paris, le journaliste Rémi Buisine a également été brutalisé par des policiers, alors même qu’il avait montré sa carte de presse pour prouver son identité. Lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites le 23 mars dernier, l’un de nos journalistes qui couvrait la manifestation a été nassé pendant plus de deux heures. « Impossible de sortir, même en tant que journaliste », avait-il rapporté sur Twitter.

« Il appartient aux autorités de permettre l’exercice effectif de ces libertés, en protégeant les manifestants pacifiques et les journalistes couvrant ces manifestations contre les violences policières et contre les individus violents agissant dans ou en marge des cortèges » a déclaré la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović.

Ces exemples ne sont pas des cas isolés. Dans un communiqué, Reporter sans frontière a même appelé le ministre de l’intérieur à « mettre fin aux violences policières contre les journalistes qui couvrent les manifestations contre la réforme des retraites », déplorant « le comportement abusif des forces de l’ordre » auprès des journalistes. Pourtant, même le schéma national du maintien de l’ordre l’affirme : « La présence des journalistes lors des manifestations revêt une importance primordiale ». Comment interpréter alors ces intimidations, agressions et interpellations faites à l’égard des journalistes ? Qu’est-ce que cela dit sur l’état actuel de la liberté de la presse ? Cette entrave manifeste à la liberté d’informer observée sans cesse ces dernières semaines, signe le déclin d’une démocratie manifestement en mauvaise santé.


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