« Bientôt le clap de fin pour la 2G et la 3G en France ! », titre l’article consacré à la question sur le site internet d’Orange. Les fréquences doivent être libérées pour être utilisées par les réseaux de téléphonie dits modernes, tels que la 4G et la 5G. Ces technologies, expliquent-ils, sont plus résilientes, plus sécurisées, plus performantes, économes et modernes. Par ailleurs, il est expliqué que c’est une décision écologique, car il s’agit de remplacer des fréquences de réseau consommatrices d’énergies de moins en moins utilisées (la 2G et la 3G) par une technologie dont l’efficacité énergétique sera bien supérieure. Comme souvent, l’écart entre discours et réalité mérite d’être étudié.
L’arnaque de « l’effet rebond »
Les avantages écologiques revendiqués par les opérateurs sont loin d’être aussi nets que prétendus. Alors que les technologies évoluent depuis les années 1980 (1ère génération de téléphonie mobile), les téléphones, aux options de plus en plus nombreuses et variées, consomment de plus en plus d’énergie.
Les téléphones 2G, sans écran tactile, sans internet, bénéficient d’une autonomie bien plus longue de la batterie, qui peut facilement tenir quelques jours sans recharge, durée avec laquelle les smartphones, bien plus consommateurs, ne peuvent rêver rivaliser.
D’après les opérateurs, les nouvelles générations de téléphonie mobile (4G, 5G), bénéficient d’une efficacité énergétique bien plus élevée, leur allouer des fréquences supplémentaires paraît positif. Sur le site d’Orange, on revendique même une division par 10 (dans un premier temps), puis 20 (à l’horizon 2030) de la consommation énergétique au gigabit transporté.
Bien qu’enthousiasmante au premier abord, cette assertion se heurte à « l’effet rebond », qui désigne le phénomène par lequel, bien que le gigabit transféré consomme moins d’énergie avec les réseaux modernes, le trafic y est bien plus important. D’où une augmentation de la consommation globale, et non une baisse. En termes de consommation énergétique, donc, les vitrines des opérateurs ressemblent de très près à du greenwashing.
Les utilisateurs de cartes SIM fonctionnant avec la 2G représentent moins de 8% des abonnés d’Orange, et environ 3% des abonnés de Bouygues. Sans connaître les chiffres de SFR, il s’agit donc d’une part minimale, en France, de plusieurs centaines de milliers de téléphones voués à être jetés, accentuant de fait la pollution numérique physique déjà considérable.
Et pour cause, la pollution numérique est à 75% due à la fabrication des téléphones. Verre et céramique, métaux précieux, plastiques, terres rares, il faut environ 70 kg de matière première pour fabriquer un seul téléphone. Or, l’extraction de métaux précieux (l’or, par exemple) et de terres rares, difficiles à détecter, et extraites avec peine, eau et énergie à l’autre bout du monde, rendent l’impact carbone des nouveaux téléphones « intelligents » absolument catastrophique.