Alors que les conséquences du dérèglements climatiques s’intensifient, les tenanciers du productivisme capitaliste s’accrochent coûte que coûte à leurs privilèges quitte à conduire l’humanité vers son extinction. Le mot d’ordre est désormais de s’adapter au désastre en ne changeant rien de ce qui le provoque. Michel Jetté dénonce ici cet état de fait.
Ce que l’on n’a pas encore compris en 911 mots
« Depuis le début de l’été, il est étonnant d’entendre dire par le monde de l’information que nous devrions maintenant tenir de plus en plus compte de la crise climatique, que nous sommes dans une nouvelle réalité et que nous devons nous adapter aux bouleversements planétaires en cours.
La première chose que l’on n’a pas comprise, c’est que cela fait près de 40 ans que la science avertit que l’on est sur le bord de manger une sérieuse volée. Mais la science s’est, en cours de route, trompée légèrement : ce n’est pas une volée mais bien une exécution que l’on est en train de vivre. Comprenons une chose : nous sommes dans une augmentation des températures qui est exponentielle depuis des décennies. Qu’est-ce que cela signifie : une exponentielle, en physique, est une instabilité, et une instabilité finit toujours par crasher. Autrement dit, tout le système terre est devenu instable, ce qui signifie que des transformations d’ampleur géologiques sont en train de se produire et nous prendre de court.
Le secrétaire de l’ONU, M. Guterres, vient de nous annoncer qu’on a perdu le contrôle du réchauffement climatique. Cette nouvelle est la pire que l’on puisse recevoir. Pourquoi ? Notre monde, celui de l’Holocène qui a permis à Sapiens de voir le jour, est en train de disparaître. Alors, dites adieu définitivement à notre… normalité.
Mais voilà que l’on nous annonce que nous entrons dans une nouvelle normalité. Quelle farce. C’est croire que suite à cet été « anormal » nous allons nous retrouver sur un nouveau « plateau climatique » où il fera aussi chaud, où les tornades nous défriseront de temps en temps, où les feux de forêts nous suffoqueront de temps en temps, où tous les désagréments nocifs, voire mortels de la crise climatique et biologique nous frapperont quand nous en aurons le temps. Je le répète, nous sommes sur une courbe exponentielle, la normalité ne sera que celle du moment présent, car l’année suivante sera encore pire.
Pourquoi ? Parce que nous continuons à détruire nos écosystèmes et à émettre, à l’échelle de la planète, des quantités records de gaz à effet de serre, qui alimentent et accélèrent cette grande catastrophe planétaire… En passant, nous aurons compris que la catastrophe, c’est nous. Bon, je suis à 384 mots : faut que j’accélère aussi. Donc, la « nouvelle normalité », oubliez ça. Nous avons déglingué l’équilibre des grands systèmes planétaires ; c’est fait, donc rien ne sera plus « normal ». Nos activités (notre consommation effrénée) nous ont plongés dans un processus de dépérissement pareil à un fumeur qui accélère sa cadence de consommation de cigarettes malgré le fait qu’il vienne d’apprendre qu’il a un cancer.