Qu’est-ce que qu’une centrale de cogénération ?
C’est avant tout une centrale dont la fonction première est de produire de l’électricité. La combustion du bois génère de la vapeur sous pression qui, par l’intermédiaire d’une turbine, va entraîner un alternateur.
Le rendement d’une telle installation est limité par les lois de la physique (Loi de Carnot) et la plus grande partie (60 à 75%) de l’énergie produite par la combustion doit être évacuée sous forme de chaleur.
On parle de cogénération quand cette énergie thermique est en partie ou totalement utilisée (dans un réseau de chauffage par exemple). Dans notre cas, cette énergie thermique résiduelle doit, en principe, être utilisée pour chauffer une dizaine d’hectares de serres attenantes.
Mais durant la période de mars à octobre, les besoins en chaleur pour les serres seront réduits, le rayonnement solaire étant souvent suffisant. La chaleur résiduelle sera alors évacuée dans l’atmosphère par d’énormes aéroréfrigérants...
Le projet tonnerrois prévoit une puissance électrique de 5Mw (l’équivalent de 2 ou 3 éoliennes) et une puissance thermique totale de 19,9Mw. Au-delà de 20Mw, la loi impose une enquête publique et une autorisation d’ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement). En limitant à 19,9Mw la puissance totale, l’industriel se trouve dispensé de ces obligations. Or, la puissance thermique d’une telle installation s’évalue à plus ou moins 10%…
Pourquoi biomasse ?
La biomasse peut être toute matière organique d’origine végétale (micro-algues incluses), animale, bactérienne ou fongique (champignons). La source de biomasse peut être la nature sauvage et/ou cultivée (agrocarburants, agro-combustibles). Dans le domaine de l’énergie, et plus particulièrement des bioénergies, la biomasse énergie est la partie de la biomasse utilisée ou utilisable comme source d’énergie ; soit directement par combustion (ex : bois énergie), soit indirectement après méthanisation (biogaz) ou de nouvelles transformations chimiques (agrocarburant).
Ici, la biomasse correspond à du bois, récolté en forêt dans un rayon de 50km, broyé en plaquettes et qui va être transformé en énergie thermique en le brûlant dans une chaudière.
Quel bois va-t-on brûler ?
Selon le dossier de permis de construire, le bois sera utilisé sous forme de « plaquettes ». Les arbres seront déchiquetés directement en forêt et les plaquettes arriveront à la centrale avec un taux d’humidité avoisinant les 30 %. Ce taux d’humidité important réduit sensiblement le rendement de la chaudière et entraîne des émissions polluantes ainsi que des phénomènes de corrosion sur les installations.
Mais la déclaration ICPE mentionnant la présence de 25 à 50 tonnes par an de métaux dans les déchets, il y a tout lieu de penser que l’industriel prévoit de brûler des bois de récupération ou de déconstruction (vieilles charpentes, palettes, huisseries, vieux meubles…). Or, la combustion des bois traités, vernis ou peints entraîne des émanations toxiques que les caractéristiques annoncées de cette centrale (température de combustion, filtrage des fumées…) ne permettent pas d’éviter.
Qu’est-ce que du mauvais bois ?
On entend dire que la centrale ne brûlera que du « mauvais bois » et que la forêt a besoin d’être « nettoyée »... Mais qu’est-ce que du mauvais bois ? Seraient-ce les vieux arbres, morts ou mourants ? Pour qu’une forêt soit digne de ce nom, elle doit présenter une diversité suffisante d’essences et d’âges.
Les vieux arbres, les arbres morts sur pied ou tombés à terre sont essentiels pour assurer l’existence de colonies d’insectes, de champignons ou de bactéries, eux-mêmes essentiels pour la vie d’autres organismes vivants. C’est cette richesse de la biodiversité qui permet à la forêt de jouer pleinement son rôle dans le stockage du carbone et dans la filtration et l’épuration de l’eau.
Seraient-ce alors les petits arbres dont on ne peut faire que du bois de chauffage ? Mais les petits arbres d’aujourd’hui seront les gros de demain et une coupe systématique du taillis ne permet pas d’assurer l’avenir.
Quel impact sur les forêts ?
La centrale nécessitera environ 60 000 tonnes de bois par an, c’est-à-dire l’équivalent de 100 à 120 000 stères. On estime qu’un hectare de forêt locale voit sa masse de bois augmenter d’environ 3 tonnes par an, mais il faut aussi prendre en compte les autres facteurs qui contribuent à la diminution de cette ressource :
- Les aléas climatiques (tempêtes, canicules, sécheresse…)
- Les affouages dont le prélèvement n’est pas quantifié.
- Les autres installations qui viennent déjà s’approvisionner dans le secteur (distillerie de Buchères, chaufferies d’Auxerre, Sens, Dijon, usine de pellets de Cosne-sur-Loire, etc.)
- Les coupes dans les bois privés destinés au chauffage personnel (non quantifiable).
Au final, l’exploitation du bois devrait porter sur une surface de 150 à 200 000 hectares pour ne pas mettre en péril la ressource. L’ensemble des forêts communales du Tonnerrois représente environ 5 000 ha. Quel rôle joue la forêt contre le réchauffement du climat ?
Une étude récente montre que les plantations massives de résineux en Europe depuis 250 ans ont eu un impact négatif sur la limitation du réchauffement (revue Science N° 351 de 2016).
La première cause du réchauffement climatique est l’augmentation des taux de gaz carbonique et de méthane dans l’atmosphère. L’urgence, pour préserver la vie sur Terre, est de diminuer les émissions de ces gaz et de maintenir, voire d’augmenter, les capacités de stockage. Une forêt de feuillus stocke sensiblement autant de carbone dans les arbres que dans le sol (grâce à tous les micro-organismes et notamment aux champignons et mychorizes).
Par contre, les monocultures de résineux sont loin d’avoir cette capacité car leurs sols sont pauvre en organismes vivants.
Enfin, quand on brûle un arbre, on largue brutalement dans l’atmosphère le carbone qui a été stocké durant ses années de vie (de 40 à 200 ans) et il faudra attendre autant de temps pour que ce carbone soit à nouveau stocké dans des arbres.
L’utilisation massive du bois comme énergie aura donc un impact négatif sur la lutte contre le réchauffement climatique dans l’immédiat et pour les décennies à venir, contrairement à ce que les promoteurs des centrales bio-masse voudraient nous faire croire (Etude du Manomet Center for Conservation Sciences du Massachusetts).
Ce type de projet, par sa taille et par son mauvais rendement global, va à l’encontre des objectifs de la COP 21 en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Quel rôle joue la forêt dans le cycle de l’eau ?
La forêt joue aussi un rôle essentiel dans le cycle de l’eau. Le sol des forêts, très riche en humus, résultat de la transformation des feuilles et du bois mort par les micro-organismes, a une grande capacité de rétention des eaux de pluie, évitant ainsi les phénomènes de ruissellement ou de lessivage. L’humus a aussi une forte capacité de filtration et la forêt contribue ainsi à la qualité des eaux des nappes phréatiques.
Un gros chêne pouvant évaporer jusqu’à 200 litres d’eau par jour en plein été, la forêt contribue ainsi à la régulation de l’humidité de l’air et, par conséquent, des précipitations. Cette évapotranspiration contribue aussi à rafraîchir l’atmosphère localement. Nous avons tous fait l’expérience de la fraîcheur relative de la forêt lors des canicules.
Dans une plantation de résineux dont le sol est beaucoup plus pauvre en humus, l’eau de pluie ravine et va atteindre plus rapidement les cours d’eau (risques accrus d’inondations). Les nappes phréatiques ne bénéficieront alors pas des fonctions de filtration de la forêt.
Vers une déminéralisation des sols forestiers ?
Les plaquettes forestières sont produites en broyant des arbres entiers, y compris la ramure (et les feuilles quand les arbres sont exploités en été). Or, les petits bois concentrent l’essentiel des minéraux et leur exploitation systématique contribue à exporter ces minéraux et à créer un déficit qui peut être très préjudiciable à la croissance future de la forêt.
De nombreuses études concluent à la nécessité de limiter l’exportation des menus bois et même à y renoncer dans les sols pauvres (comme c’est souvent le cas dans nos contrées).
« Qui serait assez bête pour détruire une station d’épuration ? »
Ainsi s’exprime Francis Hallé, grand spécialiste mondial des forêts, à propos de la déforestation. En effet, la forêt absorbe et retient nombre de polluants, dont les métaux lourds, émis par les diverses activités humaines (véhicules, incinérateurs…).
La combustion du bois des forêts risque d’entraîner un relargage, dans l’atmosphère, de ces différents polluants.
Qu’est-ce que la biodiversité ?
La biodiversité représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes : la faune, la flore, les bactéries, les milieux.… Nous autres, humains.... constituons l’un des maillons de cette diversité biologique... Cette notion intègre les interactions qui existent entre les différents organismes précités tout comme les interactions entre ces organismes et leurs milieux de vie, d’où sa complexité et sa richesse. ( définition du ministère de l’environnement de l’énergie et de la mer).
Depuis le sommet de la terre de Rio en 1992, la préservation de la biodiversité est considérée comme un des enjeux essentiels du développement durable. L’adoption de la convention sur la diversité biologique au cours de ce sommet engage les pays signataires à protéger et restaurer la diversité du vivant. La biodiversité est essentielle aux sociétés humaines qui en sont entièrement dépendantes.
La biodiversité est-elle en péril ?
L’exploitation forestière mécanisée et intensive, programmée sur des dizaines d’années, va porter gravement atteinte aux micro-organismes en les asphyxiant par le tassement des sols et va contribuer lourdement à faire disparaître nombre d’espèces animales et végétales. La reconversion en résineux des parcelles coupées va provoquer la disparition des animaux qui ne peuvent vivre que dans les forêts de feuillus ; et les arbres fruitiers sauvages (merisiers, alisiers, cormiers), considérés sans valeur commerciale, ne survivront pas. Respecter la biodiversité n’empêche pas de récolter les produits de la forêt, cependant, le changement d’échelle (hyper- mécanisation, utilisation d’engins de plus en plus lourds, prélèvements toute l’année par n’importe quelle météo) ne fera qu’en accélérer la destruction.
Comment sera exploitée la forêt ?
Tout nous porte à penser que la méthode qui sera mise en œuvre pour alimenter la centrale biomasse tonnerroise ne sera pas différente de celle déjà utilisée dans nos forêts locales pour alimenter la chaufferie de la distillerie de Buchères (banlieue de Troyes). Elle entraînera, à plus grande échelle :
- le tassement des sols et le compactage de l’humus,
- la dégradation des chemins par le poids des engins (de 10 à 30 tonnes),
- des coupes ne préservant pas la diversité des âges et des essences,
- des coupes rases,
- la probable replantation en monoculture d’essences à croissance rapide (Pins Douglas...).
La demande de volumes importants de bois énergie entraîne un développement de l’exploitation mécanisée des forêts, avec des abatteuses qui ne permettent pas de faire une sélection respectueuse de la diversité forestière. Le nombre d’abatteuses en France double tous les 2 ou 3 ans... Le nombre de bûcherons diminue dans les mêmes proportions, car une abatteuse fait le travail de 8 à 12 bûcherons.
La forêt, ça repousse ?
Certes, mais au bout de combien d’années retrouvera-t-on un lieu semblable à celui qui vient d’être coupé ? A coup sûr, pas avant 60 ans.
Avec des industriels qui cherchent à dégager un profit maximal en un minimum de temps, nous risquons de voir couper la ressource bois plus vite qu’elle ne repousse. Quelles forêts laisserons-nous à nos enfants et petits-enfants ?
Et si on replante ?
La recherche de maximisation du rendement des forêts conduit à faire des coupes rases suivies de replantations d’essences à croissance rapide, comme les pins Douglas, abondamment plantés dans le Morvan. Ce qui revient à remplacer la forêt par un « champ d’arbres ». Les conséquences sont alors énormes pour l’environnement : acidification des sols, lessivage des éléments organiques, dégagement de CO2, augmentation des taux de nitrates dans les nappes phréatiques, etc.
Non seulement la capacité de ces « champs d’arbres » à fixer le carbone de l’atmosphère est au moins deux fois plus réduite que celle d’une vraie forêt, mais au moins 30% du carbone contenu dans le sol de la forêt antérieure est définitivement perdu. Ces monocultures d’arbres sont, par ailleurs, de gros consommateurs d’intrants (engrais azotés et pesticides).
Existe-t-il des méthodes alternatives de gestion de la forêt ?
Actuellement, parmi les diverses méthodes d’exploitation de la forêt, celle prônée par l’association Pro Silva se distingue en mettant en œuvre une sylviculture irrégulière (préservant la diversité d’essence et d’âge des forêts), continue et proche de la nature.
« La gestion des forêts selon les principes de PRO SILVA est une stratégie tendant à optimiser le traitement des écosystèmes forestiers, afin qu’ils remplissent d’une manière durable et rentable leurs multiples fonctions socio-économiques. Dans le but de minimiser les risques écologiques et économiques, la sylviculture PRO SILVA s’appuie très largement sur les processus naturels.
Elle respecte les lois de la dynamique des forêts naturelles, en ménageant leurs forces, en se servant de leur diversité, en conduisant leurs évolutions souvent imprévisibles en vue de la réalisation des objectifs fixés et en y minimisant les introductions d’énergie et de matières. »
Pourquoi produire des tomates et des concombres à Tonnerre ?
C’est une opportunité pour les serres de profiter de la chaleur issue de la centrale, elles ont besoin de chaleur et justifient le projet : sans les serres, le rendement énergétique de la centrale serait inférieur à 30 %.
Le prix de cette énergie pour chauffer les serres est censé être moins sujet à variations que celui des énergies fossiles (gaz ou fuel), l’équilibre financier de la centrale étant avant tout assuré par la vente de l’électricité. La culture intensive à l’œuvre dans ce type de serres se fera en ’hors sol’ : les racines se développeront dans un substrat de laine de roche et de fibre de coco, le tout trempant dans une solution d’engrais chimiques... On produira ainsi des légumes en grande quantité mais de faible qualité nutritive.
Or ces produits ne sont pas destinés à la consommation locale et la quantité (4500 tonnes par an) ne correspond donc pas aux besoins des Tonnerrois (3kg par personne et par jour !). Il faudra donc les transporter par camions jusqu’aux plate-formes d’approvisionnement de la grande distribution. On peut aussi s’interroger sur la pérennité du marché de ce type de légumes, car de plus en plus de consommateurs recherchent des produits locaux et de qualité. Pour preuve, le succès grandissant des maraîchers bio qui vendent au marché et du magasin Biocoop. Par ailleurs, ces serres ne viendront-elles pas concurrencer les serres déjà en place dans la région, à Annay-sur-Serein par exemple, et mettre en péril des emplois déjà existants ?
Des emplois... quels emplois ?
La construction de la centrale et des serres va certes fournir du travail, mais à qui ? Les entreprises locales seront-elles concernées ? Ce ne seront que des emplois à court terme, qu’on ne sait pas chiffrer à l’heure actuelle.
Pour faire fonctionner la centrale, il est prévu cinq emplois, dont trois « cadres » (notice hygiène et sécurité de la déclaration ICPE). Dans les serres, la culture des tomates et des concombres ne demandera que peu de personnel permanent ; la majorité des emplois concernera la récolte, entre mai et septembre.
L’alimentation de la centrale créera quelques emplois (entre 15 et 25) pour assurer la conduite des engins d’exploitation (abatteuses, broyeur…), des camions de transports et effectuer les travaux de bûcheronnage annexes.
Actuellement, dans les grandes coupes de forêts locales, le bûcheronnage est assuré par des ouvriers étrangers (Polonais, Roumains…), qui sont peut-être des travailleurs détachés (ne bénéficiant pas du droit du travail français). Partout où une grosse unité consommatrice de bois voit le jour, le prix de celui-ci augmente. Dans la région, quelques petites entreprises de bûcheronnage, plusieurs scieries et une entreprise de fabrication de pellets risquent des difficultés économiques, voire des suppressions d’emplois. Cette augmentation de la demande et des prix pourrait aussi remettre en question les affouages qui restent pourtant une utilisation des ressources forestières à faible impact écologique.
Par ailleurs, le projet ne reposant que sur des opportunités financières, on peut s’interroger sur la pérennité de ces emplois : saturation du marché de la tomate, explosion du prix du bois, baisse des tarifs de rachat de l’électricité...
Financement privé ?
Le projet, dans son ensemble, ne répond aucunement à des besoins locaux, mis à part celui, certes important, de créer des emplois. Il ne se justifie que par des opportunités financières.
On nous dit que le projet est monté à 100 % avec des fonds privés, sans subvention publique. Pourtant, l’électricité sera rachetée à l’entreprise par EDF à 0,17 € le Kwh, c’est-à-dire deux fois plus que le prix actuel de rachat de l’électricité d’origine éolienne (0,085 € le Kwh) et environ 4 fois le prix du marché. Ce surcoût est financé grâce à la CSPE (contribution au service public de l’électricité) que chacun de nous paie sur ses factures d’électricité.
Au vu de la puissance électrique annoncée, on peut estimer la « subvention déguisée » à plus de 4 millions d’euros par an.
Argent public ?
Pour installer les serres sur l’actuelle zone « Actipôle », il va être nécessaire de niveler le terrain et par conséquent de détruire toute l’infrastructure créée voici une dizaine d’années et qui n’a jamais servi (voirie, réseaux d’eau, d’électricité, de gaz, assainissement, éclairage public…). Le prix de vente des terrains est loin de couvrir le coût total de la zone « Actipôle » (achat des terrains, frais d’étude, travaux de viabilisation) qui a été financée par des fonds publics (communauté de communes, département, région, Etat et Europe).
A quelles nuisances faut-il s’attendre ?
Sur les chemins : En forêt, outre les risques de détérioration des sols par le passage des engins de coupe et de débardage, le réseau de chemins forestiers, majoritairement constitué de chemins de terre, risque fort d’être sérieusement endommagé. Déjà aujourd’hui on peut constater des dégradations ne permettant plus le passage de petits véhicules à cause d’ornières très profondes qui se transforment en véritables mares à la moindre pluie ; nombre d’affouagistes en ont fait l’expérience. Qui pourra exiger la remise en état de ces chemins et qui paiera la facture ?
Sur les routes : La multiplication des transports routiers (plaquettes mais aussi production des serres) va aggraver la circulation dans le secteur alors que certains villages sont déjà saturés (Ancy-le-Franc ou Fleys dont la population est excédée). Le réseau des petites routes desservant les lieux d’exploitation va-t-il supporter cet afflux de poids lourds, alors que son entretien est déjà difficile ? Et qu’en sera-t-il en période de dégel ? Qui paiera la facture ? Le département, c’est-à-dire le contribuable ?
Les émanations : La combustion du bois n’est jamais vraiment propre, les fumées contiennent des particules fines qui sont mauvaises pour la santé. Les grosses unités, comme cette centrale, qui vont brûler des quantités énormes de bois, vont émettre aussi de grandes quantités de particules fines et autres polluants. Les fumées sont censées être filtrées, mais l’expérience montre que l’entretien des filtres est rarement assuré de façon rigoureuse. Alors qu’en sera-t-il si la chaudière devait aussi brûler des bois usés (charpentes traitées, huisseries ou meubles peints ou vernis, bois agglomérés…) ?
Les déchets : Que deviendront les 1 200 tonnes de cendres produites annuellement ? Ces cendres seront riches en minéraux car les plaquettes sont le produit du broyage d’arbres entiers, donc des ramures qui en concentrent l’essentiel. La logique voudrait qu’elles soient épandues dans les forêts aux endroits des prélèvements, pour rendre les minéraux au sol. Malheureusement ceci n’est économiquement guère envisageable. Alors, que deviendront les cendres ? Et si l’installation doit brûler des bois usés, que contiendront elles ?
Le bruit : Quand, en plein été, les aéroréfrigérants devront tourner à plein parce que les serres n’auront pas besoin de chaleur, à quelle nuisance sonore seront exposés les riverains (Ferme de Vauplaine, Petit Béru, EPMS…) ? Dans la déclaration d’ICPE, l’industriel prévoit, en cas de niveau sonore trop élevé, des aéroréfrigérants à basse vitesse, sans toutefois en préciser le seuil...
Quelles alternatives ?
Nous pensons que l’utilisation du bois énergie ne peut se substituer aux énergies fossiles de façon positive qu’avec un certain nombre de conditions :
- Utiliser le bois pour la chaleur dans des appareils à haut rendement (80 à 90%) et non pour produire de l’électricité (rendement de 25 à 30%).
- Utiliser le bois dans des petites installations de proximité pour éviter les pertes dues au transport de la chaleur dans de grands réseaux.
- Exploiter le bois avec des méthodes respectueuses de la forêt et de son devenir (méthode Pro Silva) et dans un rayon très court (10 km) pour éviter les transports et les pollutions qu’il engendre.
Des initiatives de ce genre existent, comme à Yssingeaux, où la coopérative ERE43 a développé des micro-chaufferies au bois permettant des économies de 30 % pour les usagers sur leur facture de chauffage tout en créant des emplois locaux pérennes.
De même, nous pensons qu’à la production des tomates et concombres de médiocre qualité, il faudrait préférer le développement d’une filière de maraîchage local et bio pour alimenter, en priorité, les cantines du Tonnerrois (écoles, collèges, lycée, hôpital, maisons de retraite…). La production locale de légumes variés, de qualité et distribués en circuit court, créerait des emplois pérennes.